Entrer en résistance
Pas un seul jour ne passe sans que le déficit et la dette publique ne soient invoqués pour justifier le déclin économique de la France et faire accepter le saccage social. En 2012, François Hollande avait pour adversaire « le monde de la finance », en 2014 c’est la dépense publique ! La cible est donc devenue la population elle-même, les collectivités et l’Etat. Le moyen pour l’atteindre est l’austérité budgétaire pour la puissance publique et le démantèlement du modèle économique et social anti-fasciste d’après guerre pour la population (retraites, sécurité sociale, salaires…).
Nous vivons sous occupation financière. La baisse des dotations aux collectivités (moins 1,7 million par an à Rennes et 13 millions en euros constants depuis 2008) et les emprunts toxiques qui ont fait de nombreuses victimes (Rennes Métropole (Bruz…), conseil général d’Ille-et-Vilaine, CHU Pontchailloux…), en sont des exemples criants.
Le 18 juillet 2013, la loi bancaire de Moscovici a été votée. C’est dans le plus grand silence politique et médiatique que le principe d’une séparation stricte entre banques de dépôt et banques d’affaire a été abandonné. Ainsi, par cette loi, la garantie publique accordée aux banques universelles qui spéculent a été maintenue. Pire, devançant la décision de l’UE de décembre 2013, a été instauré un mécanisme de renflouement interne, ouvrant la possibilité d’un sauvetage des banques par la ponction des dépôts (comme à Chypre) : le vol est devenu légal.
Notre liste Solidarité et Progrès vise à inspirer une résistance face à ce monde de la finance : celle des citoyens et de tous les élus de la nation. Pour cela, nous ferons voter en conseil municipal un vœu réclamant le dépôt immédiat d’une loi pour couper les banques en deux et nous battrons pour que d’autres agissent aussi dans ce sens.
Mobilisation
Nos amis américains du Comité d’action politique de LaRouche ont réussi chez eux à faire de la séparation bancaire (loi Glass-Steagall) un enjeu majeur, au point que des projets de loi ont été introduits au Congrès et au Sénat, recueillant le soutien de 89 de leurs membres. En outre, plusieurs parlements d’Etat ont adopté des résolutions exigeant du Congrès fédéral qu’il vote de telles lois. En France, ce sont plus de 25 communes ainsi que le conseil général d’Ille-et-Vilaine et le conseil régional des Pays de la Loire qui ont voté des vœux réclamant le dépôt d’une nouvelle loi pour couper réellement les banques en deux.
Finance mondiale…
Un tel combat au niveau local est essentiel et ce, pour trois raisons :
- en votant la réforme Moscovici, la candidate et députée Nathalie Appéré n’a pas agi dans le sens d’une refondation sérieuse du système bancaire français ;
- en février 2013, alors que la loi était examinée à l’Assemblée, le conseil municipal de Rennes décidait de recourir à un nouveau mécanisme de financement : l’émission de bons municipaux donnant à la ville l’accès aux investisseurs internationaux. Pourquoi ? Pour faire face aux difficultés de financement rencontrées avec le système bancaire français ! En outre, l’avantage de ce système est incertain car pour 100 000 euros empruntés sur 10 ans, il faudrait verser 40 000 euros d’intérêts. Faute de courage pour mettre la finance au pas, on lui saute dans les bras !
- enfin, pour mettre en œuvre ce mécanisme, la Ville a eu recours au système de notation de l’agence Fitch, celle-là même qui accordait en 2008 les meilleures notes aux produits financiers les plus toxiques (subprimes…).
Comment peut-on imaginer que ceux qui écoutent les aveugles d’hier puissent nous diriger vers l’avenir ?
…Usure locale
Les conséquences de cet aveuglement apparaissent clairement dès lors que l’on veut bien voir. Prenons pour exemple le cas de la ligne b du métro : le seul coût en intérêts dus aux banques pour les emprunts qui serviront à la financer s’élève à environ 200 millions, soit 500 euros par Rennais !
Plus qu’un argent versé aux banques, ce sont des investissements supplémentaires essentiels à la reconstruction de notre économie qui sont empêchés. Imaginez combien de projets potentiels sont engloutis dans le versement d’intérêts bancaires à l’échelle de tout le pays ?
La révolution du crédit public
Enfermés dans un monde où l’on adapte le futur à des règles comptables, celles des dettes passées et de l’effondrement des recettes présentes, nos dirigeants se rendent complices d’une économie de l’exclusion et de la décroissance, en bref une économie qui tue, comme l’a dénoncé récemment le pape François.
L’alternative, un système de crédit public responsable, soutenu par une banque nationale retrouvant le droit d’émettre de la monnaie pour de grands projets (fusion nucléaire, transports modernes, industrie de pointe, recherche, santé, éducation). Soyons clair, ce n’est pas d’une Banque publique d’investissement (BPI) dont nous avons besoin, car cette dernière, démunie de licence bancaire, ne peut pas créer d’argent et se condamne à n’être qu’une béquille publique d’investissement. Au niveau local, le retour au système de crédit public revient à créer un organe public de prêt aux collectivités, assurant un financement à bas coût et à long terme, libéré du yoyo et du lasso des marchés. Une telle révolution ne pourra se faire sans la volonté de citoyens et d’élus d’assainir le système financier actuel. C’est ce que le principe de séparation totale des métiers bancaires permettra, en liquidant les institutions spéculatives et en protégeant les dépôts des ménages et des entreprises. C’est le sens du vœu municipal pour lequel nous nous battons.
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