Faire de la science le bien de tous, c’est permettre à la société de découvrir en elle-même son âme naturelle de scientifique. C’est créer les conditions pour qu’un processus social et délibératif autour d’une saine recherche des causes et des principes qui organisent notre univers physique puisse avoir lieu. C’est offrir aux citoyens, non pas le résultat mathématique simplifié d’une trouvaille ou encore la réplique d’un objet ancien qu’on expose froidement derrière une vitrine sans qu’on en comprenne ni l’origine ni le fonctionnement, mais bien les véritables trésors de la science que sont ces batailles d’idées, ces combats menés contre les dogmes et les a priori, et ces expériences malheureuses ou heureuses qui ont mis à l’épreuve la créativité des hommes, forcé leur imagination fertile et fini par élever leur connaissance en même temps que leur condition.
Un Musée du peuple, par le peuple et pour le peuple
C’est dans cet esprit que Solidarité & Progrès compte défendre la création d’un Musée de l’Imaginaire et de la Découverte à Rennes. Ce dernier devra être conçu comme un lieu vivant et participatif présentant aux citoyens les grandes étapes du développement de l’Humanité, depuis la maîtrise du feu, en passant par le néolithique et les débuts de la métallurgie, jusqu’aux formes d’énergie de plus en plus denses que sont la physique nucléaire et la fusion thermonucléaire contrôlée. Reprenant ainsi l’exemple et l’esprit du Palais de la découverte à Paris, ce musée sera avant tout une plate-forme ludique où science, art et jeu ne feront qu’un, où les inventions d’antan seront recréées et mises à la disposition des concitoyens pour qu’ils puissent les expérimenter et redécouvrir ainsi les métiers du passé. Un lieu où les expériences scientifiques qui ont fait émerger de grands paradoxes pourront être répliquées, et où les technologies du numérique aideront à rendre aussi vivants que possible sous forme d’animations vidéo la méthode et le cheminement de la pensée qui ont mené aux découvertes fondamentales. On y revivrait ainsi les expériences de Lavoisier mesurant le poids des éléments simples gazeux du dihydrogène et du dioxygène, celles de Pasteur découvrant les propriétés du vivant à travers certains phénomènes de la lumière, et bien d’autres encore.
Ce musée, au lieu de faire l’objet d’un nouveau projet d’urbanisme, pourrait très bien être aménagé dans l’ancienne faculté dentaire de la place Pasteur, où les différentes salles accueilleraient les animations pédagogiques. Pour cela, la ville de Rennes devrait engager un partenariat avec la faculté des sciences de Beaulieu, en partageant avec les jeunes scientifiques et étudiants du campus la responsabilité de l’organisation muséographique et de l’élaboration des ateliers pédagogiques à soumettre au grand public, et garantir que ces jeunes étudiants puissent eux-mêmes animer leurs ateliers devant les spectateurs pour ainsi parfaire leur formation.
Certaines des expériences pourraient très bien servir par la suite aux animations du Festival des Sciences organisé tous les ans par l’Espace des Sciences. Mieux encore, Rennes donnerait la possibilité aux ateliers les plus simples de s’exporter et de rayonner dans la ville sous forme de spectacles de rue ou dans des locaux de quartier, non pas seulement durant les 15 jours consacrés à l’actuel Festival des Sciences, mais de manière plus permanente tout au long de l’année. La science s’inviterait ainsi régulièrement au pas de la porte des citoyens sous forme d’expositions et ateliers simples semi-improvisés.
Ces ateliers pourraient d’ailleurs, comme pour notre projet culturel « Amadeus », s’inscrire dans les programmes alloués aux temps périscolaires de la nouvelle réforme de l’éducation, permettant d’entretenir sur une base régulière un lien entre l’Espace des Sciences, les écoles et les universités.
Ainsi, les spectateurs adultes et enfants qui participeront activement à ces animations pourront ensemble s’étonner et partager cette curiosité naturelle et cette naïveté enfantine si nécessaire à l’imagination fertile et à la découverte.
Le Planétarium : un outil de découverte, pas un nouveau CGR
Le rôle du Planétarium des Champs libres devrait lui aussi être repensé dans ce même esprit de pédagogie. Au-delà du spectacle qu’il peut désormais offrir avec la haute définition et la 3D, il devrait davantage servir à initier les enfants, étudiants et tous autres citoyens aux premiers pas de l’astronomie, et devenir ainsi un outil éveillant à la découverte et à la réflexion plutôt qu’une nouvelle attraction cinématographique digne d’un Méga CGR ou d’un Gaumont.
La beauté du ciel est bien plus grande lorsqu’elle est appréhendée avec les « yeux » de l’esprit de ces tout premiers astronomes qui, en leur temps, n’avaient ni télescope ni satellites. Reconstituer le ciel tel qu’il pouvait être à l’époque en accélérant le temps, donner aux spectateurs les moyens de trouver par eux-mêmes les solutions aux problèmes auxquels nos anciens ont dû se confronter, en les poussant à émettre les mêmes hypothèses, à commettre les mêmes erreurs, et réussir, grâce aux animations que nous fournissent les nouvelles technologies numériques 3D, à faire entendre la raison des théories et modèles astronomiques divers qui se sont succédé, voilà à quoi le Planétarium devrait aussi être consacré !
D’autant plus que nous pourrions nous inspirer de l’oeuvre de ce grand astronome du XVII ème siècle, Jean Kepler, l’un des rares génies de son temps à nous avoir légué dans ses écrits, non pas seulement le résultat de ses recherches, mais bien tout le cheminement de sa pensée, ses erreurs et ses impasses, jusqu’aux hypothèses qui ont révolutionné la science et permis d’entrer dans l’ère de la physique moderne.
Voilà en quelques mots ce que Rennes pourrait offrir à ses concitoyens, tous scientifiques dans l’âme mais ne le sachant pas toujours.
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