Réforme des rythmes scolaires :
Notre projet culturel Amadeus pour Rennes
La réforme des rythmes scolaires représente malheureusement le nouvel exemple d’un socialisme trahissant l’idéal de progrès et de solidarité qu’il prétend défendre. Une fois de plus, l’intention affichée est bonne – allègement des journées à l’école, mise en place de Temps d’Activités Périscolaires (TAP) pour ‘l’éveil’ des enfants – mais les moyens de son application ne sont pas fournis. Comment en serait-il autrement, puisque par ailleurs le gouvernement a capitulé face au monde de la finance, et qu’il laisse ainsi se refermer sur la société le piège de l’austérité budgétaire ?
La règle du jeu restant inchangée, cette bonne intention se retrouve noyée dans un océan d’incohérences et d’inégalités : on met le paquet dans certaines écoles afin d’en faire des ‘vitrines’, délaissant les autres ; on diminue le nombre d’animateurs périscolaires par enfant ; les animateurs spécialisés (ASEM) étant mobilisés pour assurer les animations des TAP (sans avoir été formés), on force les écoles maternelles à réduire les temps de ménages, causant des problèmes d’hygiène, etc… Faute de moyens et de vision, le temps périscolaire est actuellement conçu comme un fourre-tout par lequel on cherche généralement à occuper le temps de l’enfant : musique, sport, théâtre, et même vernissage des ongles… Comme le déplorent les parents d’élèves de la ville de Paris, ces ateliers ont moins une vocation d’éducation que d’apprentissage ; autrement dit, on cultive en surface, pas à l’intérieur.
Notre engagement dans la campagne des élections municipales a pour ambition d’apporter des pistes et des idées pour bâtir un nouveau vouloir vivre en commun, comme par exemple avec une opération culturelle « Amadeus », qui visera à élever chaque enfant à la dignité d’homme, quelle que soit son origine. Mais il n’est pas question pour nous de mentir sur le fait que cela restera impossible tant que nous n’aurons pas fait sauter le verrou financier. Pour que l’Etat puisse reprendre sa responsabilité, il nous faut donc revenir à la séparation stricte entre les banques de dépôt et les banques d’affaires, qui libèrera la société du poids de la bulle de la dette privée, et ouvrira la voie pour rétablir un système de crédit public – comme nous en avions un pendant les 30 glorieuses – afin de financer sur le long terme les infrastructures de base, la recherche, la santé, les collectivités, et bien évidemment… l’éducation.
Eveiller l’enfant créateur dans un chœur social
En tant que membres du Conseil municipal de Rennes, nous nous battrons pour que la ville devienne pionnière en mettant en œuvre l’opération « Amadeus » , tel que l’a défendue Jacques Cheminade lors de sa campagne pour les présidentielles de 2012. Ce projet s’inspire du projet venezuelien « El Sistema » créé par José Antonio Abreu il y a 35 ans, dont l’objectif a toujours été de donner aux jeunes vénézueliens défavorisés l’opportunité de découvrir la musique en leur permettant d’apprendre très tôt à jouer en orchestre d’un instrument de musique classique. Grâce au soutien du programme par des fonds publics, le nombre de jeunes l’ayant intégré est aujourd’hui de 250 000. Des tentatives ont vu le jour dans certaines écoles françaises, comme l’école Pierre Foncin à Paris, mais elles manquent des moyens nécessaires.
Dans le contexte d’un nouveau système de crédit public, l’Etat redevenant chef d’orchestre et le ministère de la Culture son premier violon, le passage à la semaine de 4,5 jours et l’établissement du TAP en deuxième partie d’après-midi est une occasion à saisir pour lancer un grand projet ambitieux. C’est dans ce contexte que cette opération « Amadeus » verrait le jour à Rennes.
Cette opération mettra à disposition, dans le temps périscolaire, une structure se situant dans un lieu le plus proche possible de l’école (conservatoire, école de musique, opéra, maisons de quartier, etc.). En effet, il est important pour les enfants, pour le rapport qu’ils ont avec leur professeur, mais également pour éveiller en eux le sens que l’activité périscolaire implique l’ouverture sur un nouveau monde, que les TAP n’aient pas lieu dans la salle de classe. Dans cette structure, l’enfant pourra apprendre le chant et un instrument (ex : le violon), en intégrant tout de suite un ensemble, choeur ou orchestre, encadré par des professionnels comme les musiciens de l’Orchestre Symphonique de Bretagne. La découverte de sa propre voix chantée, et la maîtrise d’un instrument, sont essentielles dans le développement de l’individu, car en produisant quelque chose de beau, il cultive en lui-même la joie de créer et l’estime de soi ; la participation à un choeur ou un orchestre développe le sens de la citoyenneté : écoute et respect de l’autre, conscience de la relation d’intérêt mutuel entre l’individu et le groupe… En parallèle, la Mairie ouvrira aux enfants (et plus) les « mercredis musicaux » : ces après-midis où ils pourront assister à des concerts symphoniques, à des prix n’excédant pas 2 euros par enfant et 5 euros par adulte. Les musiciens pourront organiser des discussions pédagogiques avant ou après le concert, et rendre ainsi accessibles les plus grandes œuvres classiques qui, bien souvent malgré l’intention originelle du compositeur, restent généralement réservées à une élite d’initiés.
Un tel projet constitue une arme contre la culture de l’oligarchie dominante actuelle, qui réduit essentiellement l’homme à un possesseur ou un consommateur instinctif. Il part en effet du principe qu’un enfant doit être vu comme un être en devenir, dans lequel l’idéal doit être cultivé non pas comme une belle formule ne trouvant pas de prise sur le réel, mais comme un principe vivant transformant le réel, c’est-à-dire créant du lien social.
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